Sunday, 26 October 2025

Orcas en Norvège arctique

Aux confins de la Norvège arctique, dans une petite baie abritée des tempêtes, un petit hameau perché à quelques mètres au-dessus des eaux tumultueuses du fjord compte une quinzaine de maisonnettes défiant la solitude, le froid et les éléments.



Seglvik.

Au début c'est un peu dur à prononcer, mais à force, j'y ai trouvé une certaine mélodie. Une mélodie pas très souple, mais engageante, qui donne envie d'en découvrir plus, ne serait-ce que parce que c'est loin, que c'est petit, que c'est au bout du monde. Je n'ai jamais été aussi loin. Il m'a fallu deux jours pour y arriver.

Laissez-moi vous dire que le ce "petit détour" ne vous laissera jamais plus tranquille. 


La beauté brute et sauvage de ce mélange de mer et de montagnes partiellement enneigées m'a laissé coi et muet par sa splendeur froide. Les eaux noires du fjord de Kvænangen ont happé mon cœur, ma sensibilité et mon bonheur, les ont retournés mille fois dans la houle et me les ont rendus transformés pour toujours.


La durée du voyage pour atteindre cet endroit d'une beauté époustouflante est légèrement plus longue qu'un voyage traditionnel avec hôtel et excursions à la clé. Je suis parti avec Leandro, un collègue de travail qui a planté la semence de cette idée dans mon cerveau en début d'année. Comme toute idée un peu folle, il a fallu un peu de temps pour qu'elle mûrisse en un projet. Du temps, de la persuasion douce à coup de vidéos Instagram partagées par Valhalla Orca Expedition et de confiance en soi. Voyager c'est une chose, nager avec les orques dans de l'eau entre 3 et 6 degrés Celsius à 70 degrés nord, c'en est une autre.

Seglvik

Le voyage se déroule comme suit: tout d'abord, il faut atteindre Tromsø, petite ville dans le nord de la Norvège. Par la suite, un ferry express vous emmène jusqu'à Skjervoy (approximativement prononcé quelque chose comme shiérvoille), de où un plus petit ferry navigant les eaux du fjord de Kvænangen vous emmène jusqu'à Seglvik. Les membres du staff Valhalla vous souhaitent la bienvenue à peu près deux jours après votre départ.

Il n'est pas impossible que l'un ou l'autre des ferry ne navigue pas. Mais rassurez-vous, il y a d'autres possibilités pour la partie entre Tromsø et Skjervoy.


Bon allez, la question que tout le monde m'a posé: ce n'est pas risqué de nager avec les orques ? Alors d'après ma courte expérience d'une semaine, la réponse est clairement négative. Ces animaux d'une agilité improbable et de ton monochrome, sont parfois curieuse, parfois joueuses ou énervées, mais jamais nous avons été inquiétés. De plus, une équipe incroyable nous permet de les approcher en toute sécurité et avec un ménagement maximal pour les animaux. Il est assez fréquent de voir des baleines venir faire un coucou pendant un repas d'orques. Celle-ci produisent un effet incommensurable sur les passagers des zodiacs venus admirer les orques dans leur élément naturel.


Tous les membres de cette faune sauvage aquatique sont d'une précision stupéfiante lors de leur déplacement autour d'une boule de harengs. Souvent, d'ailleurs, les baleines à bosse apparaissent à l'improviste pendant ces orgies gourmandes organisées par les orques. Invitées par les fréquences sonores "hareng" émises par les épaulards, les baleines se rendent au point de rendez-vous sans s'annoncer présent, afin de créer la surprise totale lorsqu'elles gobent la presque totalité du "bait-ball".

Il est possible de naviguer des heures durant le long en large du fjord longeant parfois la côte ouest, descendant parfois en direction de Skjervoy ou alors en direction de la mer ouverte au nord. Ces temps de contemplation m'ont permis de vraiment bien m'imprégner de ces paysages improbables dans diverses conditions météorologiques. Nous avons eu de la chance de voir des animaux chaque jour de la semaine et avons pu nous mettre à l'eau tous les jours.


La météo peut changer en l'espace de 30 minutes d'une belle matinée ensoleillée à une pluie fine venant cingler le visage ou alors un vent glacial et de la neige rendant tout le paysage monochrome. Lorsque les nuages ne cachent pas le soleil derrière leur voile, les couleurs jaunes peuvent venir enflammer l'horizon sud et faire exploser les teintes autrement ternes.


C'est dur de mettre des mots sur les émotions qui m'ont subitement prises à la fin de notre séjour à Seglvik. C'est au moment où Stéphane m'a dédicacé son magnifique livre Orcas que tout est remonté à la surface, que tout avait été validé par mon cerveau. Jusque là je contemplait, je participait, j'engrenais ces paysages à couper le souffle, ces interactions autant belles qu'importantes. Je sors de cette aventure grandi par la splendeur et l'incroyable richesse que la planète Terre nous permet de savourer pleinement, suffit-il d'y mettre de l'intérêt. J'en retire des souvenirs indélébiles, des rencontres avec des gens autant formidables qu'authentiques, de magnifiques photos faites avec mon propre matériel et quelques vidéos un peu pourries de mes rencontres aquatiques.

"spyhopping"


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