Boris, Gilles et moi au départ à la plage d'Yverdon |
À l'apéro de départ de notre collègue Raph, la discussion a viré sur le tour du lac de Neuchâtel, à pied. Quelques cent kilomètres sur des routes et chemins variés, principalement à plat. À une moyenne estimée à 5 km/h, nous devrions réussir à terminer le tour en une vingtaine d'heures.
C'était sans compter les quelques petits déboires.
Nous avons testé notre endurance le week-end précédent le jour du départ. Une trentaine de kil' à pattes, et à plat. Tout s'est bien passé, pas de cloque, pas trop de douleurs et le tout, dans la bonne humeur.
Boris nous avait cartographié une trace au plus proche du lac.
À la plage d'Yverdon, lieu de départ, nous avons synchronisé le "départ Garmin".
La route pour Yvonand |
Nous avons prévu deux stations mobile de ravitaillement. La première tenue par Jérôme à Portalban. Premier cap de 30 kil' passé et vérifié. Le plus long jusque là, c'était les 8 kil' entre Yverdon et Yvonand, au bord de la grande route, presque rectiligne et sans grand attrait. Elle forêt dense à droite et roseaux à gauche. Rien d'autre à voir pendant tout le trajet jusqu'à Yvonand. Après nous avons pu nous séparer de la route principale. À Cheyres, Raph nous a rejoint pour la vingtaine de kil' jusqu'au ravito. Dans un champ, un renard nous a guetté l'espace d'un instant, avant de disparaître dans la forêt. Il commençait à faire nuit déjà, mais jusque là le moral des troupes était excellent. À Chevroux, je n'ai pu m'empêcher de me faire allécher par un signe "beer house" accrochée au mur d'un bistrot. La tenancière nous a dégoté des gobelets en plastique (désolé l'écologie) pour que nous puissions boire la p'tite en marchant. Il ne s'agissait pas de perdre de précieuses minutes dans l'aventure, mais bel et bien de profiter un peu des bonnes choses au passage. Arrivé à Portalban, nous avons changé de chaussettes et bu un kawa avec de la vieille prune. Mais sans abuser, deux petits verres chacun. Il fallait encore marcher 30 kil' jusqu'au prochain ravito.
Avec Raph |
Le passage nocturne, c'était principalement de la forêt de grande cariçaie. Brumeux, humide, sombre et pleine de toiles d'araignée fraîchement tissées, la traversée était longue et je dois le dire, un peu chiante. Les chemin contenait des ornières boueuses très encrassantes. Il fallait zigzaguer pour éviter de s'en mettre plein les jambes et de glisser dedans. Un chemin goudronné mais plus très plat plus tard, il s'agissait de marcher au milieu, sur "l'arête" de la route qui gondole. Aux abords, de très hautes herbes qui nous pendait au visage des deux côtés. Elles aussi, avait des araignées comme locataires.
Au bout du lac, nous avons failli marcher en direction de la prison. Trois gaillard se promenant dans la nuit avec des lampes frontales, ça peut ou peut ne pas être considéré comme louche. Mais nous sommes passés. La prison évitée, il a fallu retrouver le chemin, précédemment perdu... La réalité ne reflète pas tout à fait la carte à cet endroit. Des champs de vaches, des fils électriques, une fontaine à traverser et un chemin à retrouver, retrouvé. Et maintenant que je regarde la carte, je constate que nous avions un village pour nous séparer de la prison.
ravito à Portalban |
Nous nous attendions à un chemin pire que les précédents, mais nous avons été déçus en bien. Le chemin était à la hauteur de l'effort que nous avons mis pour le trouver. Mais long de 3 km et quasiment tout droit. Il était passé minuit, et la fatigue se ressentait déjà bien. Tout le bout du lac appartient au canton de Berne, ce qui nous aura fait passer à travers 4 cantons, en incluant Fribourg sur la rive du lac que nous longions. Nous étions par contre énormément contents d'avoir marché presque la moitié du trajet et d'avoir atteint le bout du lac.
Mais tout à une fin. Après la sortie de la forêt, et même après la STEP à la sortie de la forêt, nous avons fait une rencontre improbable: un castor. Il a traversé la route devant nous et est allé dans le canal. Vingt mètres plus loin, un second castor qui a effectué le même exercice. Pour chacun de nous, c'était une première de voir des castor sauvages.
dans la nuit |
À Marin, Gilles nous a annoncé que sa cloque du talon avait lâché. Nous avons fait une bonne pause au kilomètre 50 pour trouver des solutions et motiver Gilles à continuer à marcher. Il n'y avait pas vraiment d'alternative.
Nous avons dû baisser notre rythme par la force de l'état du talon à Gilles. Un compeed recouvrait sa cloque quand elle a lâché. Deux compeeds supplémentaires par-dessus: inutile, mais testé par Gilles.
À Hauterive, le jour a commencé à lever, et nous avons aperçu les premiers badauts. C'était très étrange, car nous voulions retrouver la lumière. Mais après ce passage nocturne, aucun de nous avait l'envie de voir et encore moins d'adresser la parole à d'autres personnes. Ce que nous venions de traverser, avec notre fatigue, se voulait plus grand que ça. Mais surtout, nous étions fatigué, et au sein d'un groupe soudé. Notre dernier effort avant le second ravito a été d'atteindre tant bien que mal les 60 km. Moi-même je commençais à sentir de plus en plus de frottement de mes chaussures. J'avais un gros doute quant à la suite après le ravito.
un des 2 castors |
Il a été organisé par Laurent. Un p'tit déj' de roi après cette traversée. Pain, tresse, fromages, bouillon avec nouillettes, miel. Toutes ces choses nous ont été préparées et apportées par Laurent pour nous requinquer avant l'étape finale. Malheureusement, après la dernière "pause Garmin" synchronisée, nous avons arrêté le traçage. C'en était terminé. La cloque à Gilles a mis le moral à bas et notre fatigue grandissante multipliée par les douleurs musculaires (et articulaires pour certains) nous a achevé. Nous ne nous voyions pas le moyen de reprendre la route.
Laurent nous a gentiment proposé de nous ramener à Yverdon, ce qu'il a fait.
le p'tit déj' à Laurent |
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